ARAISA, en partenariat avec la Chaire Jarislowsky de Memorial University, a récemment eu l’occasion de mener des recherches auprès des FS et des personnes nouvellement arrivées de la région de l’Atlantique. Le projet comprenait des entretiens avec le personnel et des groupes de discussion avec les nouveaux arrivants et les nouvelles arrivantes. Grâce à ces activités, j’ai beaucoup appris sur les besoins et les expériences de ces personnes dans la région.  

Ce projet m’a également incité à réfléchir de manière critique à la recherche impliquant des nouveaux arrivants. Les groupes de discussion en particulier m’ont encouragé à réfléchir à une pratique de la recherche qui soit respectueuse, engageante et bénéfique tant pour les chercheurs-euses que pour les participant-e-s. J’aimerais partager quelques réflexions et pratiques prometteuses issues de ce processus qui pourraient être utiles à d’autres chercheurs-euses.  

 

  • Éthique. L’examen éthique fait partie intégrante – et dans de nombreux cas, il s’agit d’une partie obligatoire – du processus de recherche. Son objectif ultime est de protéger les participant.e.s à la recherche et les communautés auxquelles iels appartiennent. Ainsi, chaque aspect de la conception du projet – méthodes, outils de collecte de données, mobilisation des connaissances, etc. – doit être créé en tenant compte des participant.e.s. Vous pouvez trouver plus d’informations sur l’éthique de la recherche ici. 
    Dans la mesure du possible, l’éthique doit être abordée en partenariat avec les communautés. Les communautés doivent être activement impliquées dans la conception et le développement des projets de recherche. Les participant.e.s doivent comprendre le but de la recherche et être conscient.e.s des risques encourus. Et les résultats de la recherche doivent être partagés avec les communautés d’une manière culturellement appropriée et facile à comprendre.  

 

  • Langue. La recherche doit être communiquée aussi clairement que possible. Parlez à un rythme adapté aux participant.e.s. Même lorsque vous travaillez avec des locuteurs.trices parlant couramment l’anglais ou le français, il est important d’éviter le jargon et le langage technique. Les formulaires de consentement, les guides d’entretien et les enquêtes doivent être rédigés dans un langage simple. Au lieu d’un formulaire de consentement détaillé et technique, par exemple, il peut être préférable de lire une déclaration en langage simple au début des entretiens ou des groupes de discussion.  

 

  • Interprétation et traduction. Les participant.e.s ont-iels besoin de services d’interprétation ou de traduction pour s’impliquer pleinement? Fournissez aux interprètes (ainsi qu’aux participant.e.s) des formulaires de consentement, des guides de questions et d’autres documents avant le début des activités de recherche. Si possible, fournissez aux participant.e.s ces documents dans leur langue maternelle. Assurez-vous également que les interprètes sont rémunéré.e.s pour leur temps et leur expertise. 

 

  • Rémunération. Les participant.e.s ne se contentent pas de donner de leur temps, mais partagent également leurs expériences et leur expertise. Veillez à ce qu’iels soient rémunéré.e.s équitablement. La rémunération doit être suffisante pour que les personnes se sentent valorisées pour leurs contributions, mais elle ne doit pas être importante au point que les participant.e.s se sentent obligé.e.s de participer.  
    La rémunération doit également être appropriée et accessible. Si vous offrez aux participant.e.s des cartes cadeaux, par exemple, le format peut être pertinent. Les cartes-cadeaux physiques peuvent être préférables aux cartes virtuelles; non seulement les cartes physiques ont un aspect immédiat et tangible, mais elles sont également plus adaptées pour les participant.e.s ayant des connaissances informatiques limitées. 

 

  • Planification. Réfléchissez à l’impact de la planification sur la disponibilité des participant.e.s. Les participant.e.s seront-iels déjà sur place pour d’autres services ou programmes? Les activités de recherche auront-elles lieu pendant les heures de classe ou les heures de travail? Les participant.e.s auront-iels besoin de services de garde d’enfants? 

 

  • Enfants et garde d’enfants. Tout le monde n’a pas forcément accès à des services de garde d’enfants. Lorsque vous menez des entretiens et des groupes de discussion avec des adultes, tenez compte du fait que des enfants peuvent également être présents. Les livres de coloriage et autres divertissements adaptés aux enfants sont un bon moyen de maintenir les activités de recherche sur la bonne voie.   

 

  • Collations. Café, chocolat chaud, muffins, beignets, plateaux de légumes : la nourriture est un moyen simple de montrer son appréciation. Apportez-en plus que ce dont vous pensez avoir besoin. (Les chaînes de cafés sont idéales pour leur aspect commode et leur attrait global; cependant, les collations peuvent également être des opportunités pour soutenir les commerces locaux.)  

 

  • Silence. Les pauses ou les interruptions dans la conversation sont essentielles pour les chercheurs.euses qualitatifs.ives. Les gens ont souvent besoin de temps pour digérer leurs pensées (et lors du travail avec des interprètes, ceux-ci ou celles-ci ont également besoin de temps pour interpréter). Les personnes extraverties peuvent être à l’aise pour se lancer dans une conversation, mais les personnes introverties peuvent avoir besoin d’une pause naturelle avant de parler. Les chercheurs.euses doivent respecter et s’adapter à une gamme variée de styles d’engagement.  

 

La recherche ne se limite pas à la collecte de données; il s’agit également d’établir des relations et d’amplifier les voix. Les entretiens et les groupes de discussion sont particulièrement importants car ils offrent aux nouveaux arrivants l’occasion de commenter les services, les programmes et les politiques qui les touchent directement. Bien qu’il y ait de nombreux facteurs à prendre en compte, il n’y a pas qu’une seule bonne façon de faire de la recherche. Avez-vous rencontré d’autres pratiques prometteuses pour la recherche auprès des nouveaux arrivants et aimeriez-vous les partager? Si c’est le cas, veuillez m’envoyer un courriel à jchalmers@araisa.ca 

À propos de l’auteur

Jason Chalmers est titulaire d’un doctorat en sociologie de l’Université de l’Alberta et a été boursier postdoctoral à l’École des affaires publiques et communautaires de l’Université Concordia. En tant que chercheur interdisciplinaire, Jason s’appuie sur diverses méthodologies et est particulièrement inspiré par les pratiques créatives et communautaires. Ses recherches portent sur l’histoire de l’immigration au Canada, les relations entre les autochtones et les colons, et les inégalités sociales.

Vous pouvez joindre Jason à jchalmers@araisa.ca