La recherche peut parler au nom des nouveaux arrivants tout en les aidant à parler en leur propre nom. Il est essentiel d’amplifier les voix des nouveaux arrivants pour garantir que leurs besoins, leurs intérêts et leurs perspectives soient clairement communiqués aux fournisseurs de services et aux décideuses et décideurs politiques. En retour, cela peut conduire à des programmes plus efficaces et à une prise de décision éclairée pour les populations de nouveaux arrivants. De plus, la création d’espaces qui amplifient les voix des nouveaux arrivants peut leur donner un plus grand sentiment d’autonomie sur leur vie, leur communauté et au sein de la société canadienne.

[…] la photographie peut donner aux nouveaux arrivants un sentiment de contrôle et d’autonomisation, tout en validant leurs expériences.

La photographie peut être un moyen efficace d’amplifier les voix des nouveaux arrivants tout en les aidant à s’impliquer dans leurs nouveaux foyers. Premièrement, la photographie est hautement démocratique. Dans un monde où la plupart des personnes ont un téléphone portable à portée de main, presque tout le monde a accès à un appareil photo portable de haute qualité. La création et le partage d’images numériques peuvent se faire à très peu de frais. De plus, la photographie peut enrichir la façon dont les personnes interagissent avec leur environnement. En documentant régulièrement leurs expériences et leurs rencontres personnelles, les personnes deviennent plus conscientes de leur environnement et s’y immergent davantage. Les routines quotidiennes deviennent des actes significatifs et créatifs. Enfin, la photographie permet aux personnes de communiquer leurs visions uniques du monde. Une photographie ne se contente pas d’enregistrer la réalité, elle présente également la vie du point de vue unique du ou de la photographe. En tant que telle, la photographie peut donner aux nouveaux arrivants un sentiment de contrôle et d’autonomisation, tout en validant leurs expériences.

Cette méthode est particulièrement utile pour les nouveaux arrivants car elle leur permet de naviguer dans leur nouvelle vie au Canada – et ainsi de lui donner un sens.

Lorsqu’elle est pratiquée avec l’intention et les conseils appropriés, la photographie est à la fois un processus créatif, une pratique pédagogique et une méthode de recherche. La photographie participative consiste à raconter des histoires à travers l’expression visuelle – en utilisant des images pour créer des récits ancrés dans l’expérience vécue. Les participantes et les participants identifient les questions pertinentes relatives à leur vie, documentent ces questions et discutent de ces histoires avec leurs pairs. Cette méthode est particulièrement utile pour les nouveaux arrivants car elle leur permet de naviguer dans leur nouvelle vie au Canada – et ainsi de lui donner un sens. Par l’intermédiaire de la Child and Youth Refugee Research Coalition, par exemple, de jeunes réfugiés basés en Nouvelle-Écosse ont utilisé la photographie participative pour explorer leurs expériences de ré-établissement et s’engager dans l’action sociale.

Photovoice est un autre outil qui permet de renforcer la voix des nouveaux arrivants. Selon le Flash Forward PhotoVoice Project, cette pratique s’appuie sur « la photographie, la discussion et la réflexion critique pour accéder et représenter les besoins, les expériences et les connaissances de groupes dont les voix peuvent être marginalisées. Les connaissances issues de la réflexion des participantes et des participants se voient offrir une plateforme à partir de laquelle elles peuvent à la fois être exprimées et amplifiées de manière créative afin d’être entendues. » Photovoice positionne les individus – en particulier les personnes issues de populations marginalisées ou vulnérables – comme des expertes et experts de leur propre expérience. En offrant un lieu pour explorer et discuter de ces expériences, Photovoice permet aux participantes et aux participants de s’exprimer avec autorité sur les questions qui ont un impact sur leurs vies.

La photographie participative est un excellent moyen de relier les services d’établissement et d’intégration, l’éducation et la recherche.

La photographie participative est un excellent moyen de relier les services d’établissement et d’intégration, l’éducation et la recherche. Non seulement elle aide les nouveaux arrivants à s’exprimer avec autorité, mais elle peut le faire sans nécessiter une solide maîtrise de l’anglais ou du français. À ce titre, elle offre aux chercheuses et aux chercheurs – ainsi qu’aux fournisseurs de services et aux décideuses et décideurs politiques – un aperçu direct des expériences et des besoins des nouveaux arrivants. Et surtout, elle y parvient d’une manière amusante et significative pour les participantes et les participants. Pour plus d’informations, consultez quelques études qui explorent comment la photographie participative peut soutenir education des femmes immigrantes, améliorer les programmes d’emploi, et décoloniser l’apprentissage interculturel pour les étudiants étrangers.

À propos de l’auteur

Jason Chalmers est titulaire d’un doctorat en sociologie de l’Université de l’Alberta et a été boursier postdoctoral à l’École des affaires publiques et communautaires de l’Université Concordia. En tant que chercheur interdisciplinaire, Jason s’appuie sur diverses méthodologies et est particulièrement inspiré par les pratiques créatives et communautaires. Ses recherches portent sur l’histoire de l’immigration au Canada, les relations entre les autochtones et les colons, et les inégalités sociales.

Vous pouvez joindre Jason à jchalmers@araisa.ca